Tribune
Les Fennecs ne sont pas faits pour suer, mais pour faire transpirer leurs adversaires.
A peine cinq mois, et l’année 2009 nous en envoie déjà
de toutes les couleurs. Sans hiérarchie : l’Argentine qui s’en prend six
en Bolivie, le pape qui lève les excommunications, le PSG qui ne pique pas de
crise, un ex-excommunié qui se permet de se la ramener en niant la shoah, l’OM
en course pour gagner quelque chose, l’ex-excommunié en question presque
re-excommunié par un autre ex-excommunié, Domenech toujours sélectionneur de
l’Équipe de France. Et le plus beau pour la fin : les Fennecs humilié au
PFTT. Ça, c’est vraiment la grosse cote.
En effet, le dimanche 26 avril 2009 restera comme l’une des dates les plus sombres de l’histoire de la Fennecquie. Balayé à Paris non seulement par l’éternel ennemi lyonnais mais aussi par des anglais version Fat Bastard, le football rachitique des Fennecs a fait peine à voir à la Tradition toute entière. 3 défaites, 1 nul, 1 victoire, 3 buts pour, 5 buts contre, jamais le PFTT n’avait été aussi catastrophique pour eux. Jamais les socios des hommes en rouge et noir n’avaient éprouvé tant de honte en voyant évoluer leur équipe adulée. Jamais les Fennecs n’avait été aussi mauvais dans un grand rendez-vous. Malgré des centaines de clopes refusées, des milliers de kilomètre de fractionné, des centaines de millier de verres restés plein, malgré des matchs amicaux convaincants et un maillot digne de champion, cette équipe-là n’aura fait rêver personne. L’heure est désormais au bilan, et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il n’est pas glorieux.
Paradoxalement, la branlée reçue à Paris est peut-être ce qui est arrivé de mieux aux Fennecs depuis leur avènement. Si ils étaient sortit des poules, ils auraient sûrement remporté un titre à l’arraché, à coup de forceps dans les tripes. Sans cette ligne à leur palmarès de puceau, les Fennecs vont devoir se sortir les doigts du cul et entamer une révolution aussi bien identitaire que sportive.
Car en un week-end, l’image des Fennecs s’est détériorée de façon considérable. Ils ont perdu des matchs, pris des claques dans la gueule mais aussi crachés sur le spectacle réclamé par les exigeantes biquettes. Ils ont été batailleurs, mais sans joie et sans souffle divin. Ils ont même été carrément laids dans le jeu. Depuis un an, ils ont ainsi oublié l’art et la manière de plaire et de faire kiffer leurs belettes. Ceux qui ont vu les matchs de préparation le savent bien : Cette saison, les Fennecs, en football, c’était un genre de diable réincarné qui a finit par retourner en enfer. Le Block, la Charte, une équipe façon Juventus en pire : jamais séduisante, jamais sympathique, pas souvent battue, et pour finir souvent gagnante, sauf au Grand Rendez-Vous. Des mecs qui ont trusté les titres domestiques immérités à Nantes et la Peyratte et chez lesquels le courage, la sueur, la testostérone, les muscles et l’héroïsme ont balayé toutes les notions esthétiques futiles qui ont fait leur légende, celle des orgueilleux Fennecs. Ils ont pensé que la combativité, la fougue, l’esprit de sacrifice, la garra les empêcheraient de perdre le jour J. Bien sûr, si on ne lutte pas, on est perdu, mais si on lutte on peut perdre et en l’occurrence les fennecs ont perdu, ont tout perdu, leur insouciance, leur dilettantisme, leur talent, leur génie, leur maestria.
Eh bien, tout cela doit finir. Aujourd’hui, les paroissiens doivent à nouveau se ruer pour voir les Fennecs. Avec, à chaque fois, ces quatre interrogations au bout des lèvres : combien ces quiches vont-ils s’en prendre ? Et combien ces rock’n’rolla vont-ils en planter ? Vont-ils couler façon Titanic ? Ou bien tout écraser façon Tsahal? Autant de bonnes raisons de filer après la messe pour les admirer en short et maillot moulant sur le pré carré. Laissons place au spectacle. On se fout d’ailleurs complètement des valeurs. Tout ce qui compte, c’est l’image : « Les fennecs sont légendaires et se doivent d’avoir les meilleurs à chaque poste. Chez eux, la médiocrité n’a pas sa place. Seule la magie et le talent comptent dans la plus grande institution sportive du monde ! » Dixit Michel Platini…
En fait, il doit définitivement y avoir quelque chose
du Real Madrid période Galactiques dans cette équipe. Pourquoi le Real
galactico ? D’abord parce que derrière, les Fennecs doivent être une
offense au football moderne. Vianney qui fait des sorties aériennes les deux pieds
décollés, Keul qui essuie ses crampons sales sur les jarrets adverses, Seb qui
essuie ses mains sales sur les shorts adverses, Tibo qui nettoie la surface à
coups d’épaule préhistoriques. Ensuite parce que devant, tout doit pouvoir se
passer, à tout moment. Cancrelas qui déboule de partout et tabasse tout ce qui
passe, Edouard qui crée des décalages quand on ne s’y attend pas, Manuss qui
passe en force, Erwann qui file au but et Louis qui saute et fait boum de la
tête. Enfin, parce que comme toute équipe romantique, les Fennecs ne doivent compter
dans leurs rangs que des gars capables de trancher la gorge du joueur adverse
si les événements leur semblent contraires.
Coups de pute, plaisir et paillettes,
voilà la combinaison gagnante.